« Occupons Montréal » – la biologie s’en occupe?

Je m’interroge depuis l’été dernier, depuis que j’ai participé à des ateliers sur les vues qu’ont les Maoris des systèmes vivants, sur la question de savoir si les humains ont vraiment la liberté de choix entre divers comportements possibles ou si leurs choix sont en effet le résultat de conditions favorables et donc limités à certains comportements conformes à ces conditions.

Cette expérience estivale m’a lancé sur la piste du biomimétisme en passant par Darwin. Voir Jonnie Hughes, On the Origin of Tepees – the evolution of ideas (and ourselves) et Janine M. Benyus, Biomimicry Innovation Inspired by Nature. Voir aussi Peter Miller, The Smart Swarm et la brochure publiée par le Fermanian Business & Economic Institute de San Diego et intitulée  Global Biomimicry Efforts An Economic Game Changer et son rapport sur la « Swarm Intelligence ». Voici quelques extraits de ce dernier document.

Biomimicry, the discipline of applying nature’s principles to solve human problems, provides the means to achieve both environmental and economic goals. Many of the mechanisms and systems found in nature are highly efficient, eschew waste, and are sustainable in a virtually closed system. Biomimicry could be a major economic game changer.

An idea that is gaining traction with regard to biomimicry has been the implementation of swarm behavior. In nature, these would include ant colonies, bee hives and schools of fish. Swarm behavior has a huge potential significance for computer applications as well as robotics. This field of study has become known as Swarm intelligence.

Swarm Intelligence is a form of Artificial Intelligence where the individuals in a swarm do not think independently but act together to accomplish one common goal. They organize themselves but do not have a central leader. They simply communicate with each other about information around them.

Cette belle image de la nature a besoin d’être complétée par les autres recherches qui ont été faites sur le comportement souvent violent de nos lointains ancêtres, les singes. Ces recherches placent l’homo sapiens au beau milieu des singes qui sont capables de se livrer à des actes meurtriers envers leurs congénères. Voir, à titre d’exemple, Wrangham et Peterson, Demonic Males – Apes and the Origins of Human Violence. Même si le système contradictoire entre adversaires nous permet d’exprimer l’agression sans violence physique, à l’occasion grâce aux forces de l’ordre, je pense que nous pourrions faire mieux en dialoguant.

Je suis présentement au stade de l’interrogation sur ces questions et je ne peux encore rien affirmer. Par surcroît, je me trouve de nouveau en face de l’épineux dilemme de l’interdisciplinarité, dilemme parfois fâcheux. Je ne peux pas tout savoir. Toutefois, comme avocat, je fais souvent appel à des experts comme témoins et dans ce contexte et pour cette fin je dois avoir une certaine maîtrise de la matière afin de bien aider l’un et d’interroger l’autre contradictoirement.

C’est donc dans un état d’esprit d’ouverture que j’ai entrepris avec d’autres, dans le contexte d’un Dialogue déjà amorcé, la promotion d’une résolution pacifique du conflit entre le 99 et le 1 chez « Occupons Montréal » au square Victoria tout près de la rue Saint- Jacques et la Tour de la Bourse (où j’ai œuvré au sein de Fasken Martineau pendant 25 ans). C’est le devoir d’office de l’avocat, d’après la Cour suprême du Canada (Fortin c. Chrétien 2001 CSC 45, paragraphes 48 à 54 inclusivement), de promouvoir la résolution pacifique des différends. Le Maire s’est prononcé en faveur du Dialogue. J’ai demandé l’aide de la Ville.

À un moment donné, j’ai décidé que le moment était venu dans le processus de voir moi-même si les indignés campés sur la Place du Peuple, nom qu’ils avaient donné au square Victoria, étaient intéressés à ce que le square Victoria devienne une ou la Place au dialogue de sorte que la Ville et les indignés pourraient être sur la même longueur d’ondes. Je suis allé sur les lieux à trois reprises, au cours de trois journées consécutives. J’ai informé le Bâtonnier du Québec et le président du Comité du Barreau sur la justice participative. J’ai parlé aux leaders, à d’autres parmi les indignés et j’ai même assisté à une assemblée générale des indignés.

Eh oui! les indignés étaient eux aussi en faveur du Dialogue. Malheureusement, c’était trop tard car les négociations avaient échoué quelques jours auparavant et la Ville préparait une opération policière pour évacuer le camp la journée même de présentation par les indignés de propositions concrètes pour faire évoluer le Dialogue voté à l’Assemblée générale la veille en soirée. Il n’y avait rien à faire à ce moment-là pour faire avancer le Dialogue.

De toute façon, ce n’est pas avec la Ville que les indignés auraient dû dialoguer compte tenu de leurs dires, pancartes et slogans mais avec le milieu financier qui les entoure au square Victoria, en commençant peut-être par la Banque du Canada. Le rôle de la Ville aurait pu être celui du promoteur réalisateur du Dialogue.

Le mouvement « Occupons Montréal » ressemble beaucoup à un essaim. Donc, l’essaim va se regrouper à une autre place après un certain temps. Le lendemain du jour de l’évacuation, l’essaim était déjà retourné au square Victoria momentanément dans le but d’identifier une autre place à occuper. Par conséquent, l’organisation du Dialogue se poursuit en conformité avec le modèle biologique, lequel considère que les essaims sont intelligents.

Il est à noter que les femmes jouent un rôle fort important dans les essaims. C’était le cas chez les indignés de Montréal. Le cœur du camp le jour de l’évacuation, c’était la cuisine du camp où se trouvaient les hommes bien sûr, mais les hommes tournaient autour d’une femme qui était un chef, type Marianne. Ce n’est pas pour rien que la Norvège soutient le rôle des femmes dans leurs initiatives de paix. Voir le prix Nobel de la paix 2011 et la série PBS « War, Women and Peace » avec la Norvège à la tête de la liste des commanditaires catégorie A.

En matière de résolution des différends, il faut être conscient des sources. Ajoutons à la liste la biologie tant au niveau des petits groupes comme les familles qu’au niveau des mouvements et d’autres collectivités. Soit on domine la nature, soit on fait partie de la nature. La loi fait appel aux principes de la justice naturelle comme base du droit administratif, sine qua non, et actes juridiques incontournables, le biomimétisme. Faisons de Montréal un grand centre de la paix mondiale. Faisons savoir au monde des affaires qu’ici, au Québec, on sait comment résoudre les différends gagnant – gagnant.