Le financement par des non-avocats: le futur de la profession?

L’Association du Barreau canadien a déposé la semaine dernière le rapport Avenirs en droit : Transformer la prestation des services juridiques au Canada. Les recommandations y figurant touchent plusieurs sujets, incluant à la fois la structure d’entreprise des cabinets d’avocats et l’opportunité pour des non-avocats d’acheter des parts de cabinets.

Je voulais commenter ces deux sujets rapidement.

La structure de partenariat actuelle

Simplement dit, la structure de partenariat dominante n’est pas propice à l’évolution de la profession. En effet, de manière générale, il est attendu que les profits de la société soient divisés entre les associés à la fin de l’année. On ne garde donc pas beaucoup de fonds pour prendre des décisions d’investissements stratégiques.

Qui plus est, dès qu’un bureau atteint une certaine taille, il est pratiquement impensable qu’un associé visionnaire en contrôle à lui seul la destinée. La majorité des associés, habituellement menée par les plus vieux qui ont une moins grande fenêtre pour rentabiliser leur investissement, devra donc être convaincue lorsque viendra le temps d’investir en recherche et développement. Autant dire que la mission est quasi impossible dans la vaste majorité des cas.

C’est, en version très sommaire, le problème de sous-investissement que vit présentement la profession.

Jordan Furlong a d’ailleurs signé un excellent billet sur la recherche et développement (lire l’absence de recherche et développement) sur son blogue en début de semaine. Je vous le recommande fortement.

Mentionnons que plusieurs nouvelles structures existent déjà et progressent assez bien. On ne sait cependant toujours pas comment ça fonctionnera lorsqu’on les mettra sur une grande échelle, ce qui m’amène à élaborer davantage sur le moteur de la croissance de ces structures, soit le financement.

Le financement venant des non-avocats

L’ABC recommande de permettre l’investissement des non-avocats dans les cabinets à travers tout le pays. Cette ouverture au financement externe a le potentiel de devenir l’un des catalyseurs des cabinets de demain et pourrait permettre à des organisations prometteuses de devenir d’importants challengers en accélérant leur croissance. En effet, en combinant un influx important d’argent avec une volonté de bâtir, une petite boutique avec une bonne réputation peut rapidement se transformer en rouleau compresseur.

Fait intéressant à noter, le Québec est déjà parmi les provinces les plus permissives au niveau du financement, mais trop peu d’organisations utilisent ces règles à leur plein potentiel.

Ce rapport de l’ABC ne constitue certainement pas le fil d’arrivée. C’est plutôt la ligne de départ dans la transformation de l’industrie puisque plusieurs obstacles se dressent encore devant nous. Il sera en effet bien difficile de convaincre des investisseurs externes de financer un projet de cabinet si chaque avocat aspire à recevoir 97% de ses honoraires en salaire…