Des tonnes de questions sur la tarification

Droit-inc. publiait il y a quelques semaines un article intéressant sur la tarification des services juridiques. On y apprenait entre autres que le Barreau du Québec devait publier prochainement un rapport sur la tarification des services juridiques. Par ces travaux, l’ordre professionnel veut aider ses membres à mieux répondre aux demandes des clients qui deviennent de plus en plus exigeants.

En matière de tarification, un constat s’impose: le fait d’avoir des clients mieux informés que jamais change peu à peu la perception de valeur des services juridiques. Certains clients veulent donc ajuster la compensation des professionnels pour que celle-ci soit alignée avec la valeur perçue plutôt qu’avec le temps dépensé à rendre lesdits services. C’est un phénomène bien normal, surtout considérant que l’offre des services juridiques est hyper compétitive…

Bref, le Barreau traitera le sujet prochainement et, ailleurs au pays, on parle partout de alternative billing. Alternative billing par ici, alternative billingpar là. L’expression est même devenue quasi-aseptisée.

Laissez-moi cependant vous poser une question: si le système est malade (ça demeure un «si»), les problèmes de tarification sont-ils la maladie ou plutôt le symptôme?

À mon avis, on met ces temps-ci beaucoup d’emphase sur un symptôme. Comprenons bien: l’initiative du Barreau est prometteuse et risque d’être très utile pour plusieurs praticiens qui veulent être aiguillés. Je crois cependant qu’il y a beaucoup de travail de fond à faire si on veut aller plus loin dans ce type d’initiative ou si on veut vraiment tenter d’aligner l’offre avec la demande.

Il faudrait modifier le curriculum universitaire pour apprendre aux juristes finissants les compétences dont ils auront besoin dans 10 ans, pas celles nécessaires en 1997. Il faut mieux outiller les jeunes pour leur permettre de flairer les opportunités dans le marché. Au rythme où les choses progressent, nous risquons de collectivement manquer le bateau si nous ne commençons pas à faire des ajustements qui piqueront leur curiosité aujourd’hui et qui auront des répercussions dans la prochaine décennie…

On s’attendrait également à des initiatives gouvernementales faisant de l’informatisation de la justice une priorité. Tous les justiciables gagneraient à la mise en place de systèmes simples de transmission d’information, des palais de justice encourageant les auditions systématiques par visioconférence ou même simplement à ce que davantage de fonds soient octroyés pour des projets d’innovation venant du terrain.

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Autre question sur la tarification: si la perception de valeur de nos services change, est-ce que la meilleure réponse est de modifier notre structure de prix? Pour répondre à ça, il est utile d’élargir nos paramètres de recherche pour trouver des comparables ailleurs.

En effet, ne nous dupons pas à croire que les cabinets d’avocats sont seuls dans cette situation. Les agences de publicité, dont le modèle d’affaires est similaire à celui des cabinets d’avocats, vivent présentement des difficultés similaires. Les annonceurs vont voir les agences pour l’aspect créatif, mais ils veulent exécuter leurs campagnes marketing avec des ressources internes pour recevoir une facture moins salée au bout du compte.

La réponse de plusieurs agences: diversifier leur offre. On développe de nouvelles expertises plus poussées qui sont très difficiles à acquérir pour leurs clients, comme par exemple, tout ce qui a trait au web. En effet, comme en fiscalité, la mise à jour des connaissances en matière de web est tellement lourde qu’il faut y mettre énormément de temps. Les généralistes ne peuvent donc pas y consacrer l’énergie nécessaire. Pour cette raison, les gros annonceurs ne discutent pas directement avec les grands du web comme Google; ils passent par des agences qui s’y connaissent beaucoup plus qu’eux.

La diversification de l’offre prend déjà une autre allure dans le secteur juridique, mais on voit plusieurs signes, comme les changements à la tarification, qui laissent présager de plus grands changements à l’horizon.

Entre-temps, j’ai bien hâte de prendre connaissance du document qui sera publié par le Barreau…