Nouvelle tendance pour la responsabilité sociale des entreprises

En octobre dernier, le ministère américain de la Défense a attribué à Microsoft un contrat de stockage de données en ligne (« cloud »), pour lequel Amazon était également en lice. Google s’était retiré de la course, expliquant n’avoir « pas reçu l’assurance » que ce contrat «serait conforme à [ses] principes en matière d’intelligence artificielle ». Suivant le retrait de Google, Microsoft et Amazon avaient défendu leur participation à l’appel d’offres. En effet, par le passé, les géants du Silicon Valley ont été la cible de critiques pour leur collaboration avec l’armée ou la police. « Tous ceux qui vivent dans ce pays dépendent de la puissance de sa défense », avait écrit dans un billet de blogue Brad Smith, président de Microsoft. Le patron d’Amazon, Jeff Bezos, avait indiqué pour sa part que le pays serait « en difficulté » si « les grandes entreprises de technologie tournaient le dos au ministère de la Défense américain ».

Il est maintenant commun que les dirigeants d’entreprises privées doivent justifier leurs décisions ou prendre position sur des sujets sociaux. Ce genre de prise de position politique, environnementale, sociale, culturelle (et toute autre prise de conscience) semble s’inscrire dans une nouvelle tendance marketing typiquement nord-américaine. On pourrait dire que les exigences des consommateurs envers les marques ont changé. Les jeunes générations veulent non seulement acheter un produit, mais cherchent également à vivre une expérience. Les marques deviennent de plus en plus des repères de valeurs dans un monde en quête de sens. On entend de plus en plus parler de « capitalisme responsable », de « valeurs d’entreprise sociales et éthiques », etc. Certains diront même que les entreprises privées, et les messages qu’elles véhiculent ont plus de poids auprès du public que les gouvernements. Que dire de la récente sortie sur Twitter de Michael McCain, président directeur général de Maple Leaf Foods inc., au sujet de l’écrasement d’un avion ukrainien en Iran ? Ses propos peuvent être perçus comme risqués, mais il demeure peu probable qu’ils aient des conséquences lourdes pour l’entreprise. À suivre…